Lettre à un amant.

Messages : 35 Date d'inscription : 08/07/2010

Lettre à un amant.

Encore une envie, l'envie de prendre ma plume et la laisser voler sur la feuille, légère comme elle se doit de l'être, poussée par le vent de mes pensées, jouant dans les tourbillons de mes sentiments, traçant chaque courbe volatile de mes mots, les gravant à jamais sur le papier.

Ce soir j'ai envie de me définir, me mettre à nue devant toi, laissant le corps disparaître pour que tu ne vois que mon âme. Me découvrir pour qu'enfin se dévoile mon cœur, cet organe qui bat et palpite, pour faire vivre ma chaire, cette chaire qui est mienne ne se lassant de sentir ta chaleur....

Chut!!! le corps, laisse l'âme prendre parole. L'âme est timide, souvent elle se cache sous tant d'artifice, qu'elle se perd.

L'âme est la conscience, l'esprit, l'essence, le moteur, la spiritualité d'un être. C'est notre fondement. Voilà comment je la vois et je la ressens.

Voilà comment je me vois...

Fleur dans une prairie, parmi tant d'autre, essayant de montrer ses couleurs pour qu'on puisse l'apercevoir, courbant sa tige sous le vent assassin de la vie, qui essayerait de faucher ses pétales pour les disperser au gré de ses envies. Protégeant du mieux qu'elle peut son pistil de ses feuilles fragiles, pour ne pas qu'on la blesse encore une fois, une fois de trop. Narguant le mistral, le zéphyr et l'alizé, se relevant de la bourrasque, insolente et téméraire, la corolle haute, défiant le soleil de la flétrir avant que ne sonne le glas.

Convoitée par la main de celui qui voudra la cueillir, avec douceur, sans pour cela l'arracher à sa terre, faisant attention à ses racines. La soulevant du sol pour la mener à son visage pour humer le doux parfum, de cette fleur qui est née pour ne connaître que l'éphémère dans un vase et la longévité dans un terrain riche d'amour.

Fleur aux pétales rouges. Rouge comme la passion brûlante, la lave sang de la terre, notre sang. Le rouge qui prend nos joues quand l'envie ne peut se taire, dévoilant ainsi en silence l'émoi de nos sens, avant que l'on se touche.

Chut!!! le corps, laisse parler cette couleur chatoyante.

Rouge comme le feu ardent qui consume l'âme d'un amour sans retenu. Fleur rouge, la rose, qui de par son symbole montre notre amour, une invitation à découvrir un peu plus celui qui l'offre, ou celui qui la reçoit. Fleur qui était dédiée à Aphrodite ou à Vénus, à la gloire de leur beauté. La rose symbolise la coupe de la vie, l'âme, le cœur et l'amour.

Au centre de la rose éternelle qui se dilate et va de degrés en degrés et qui exhale un parfum de louange au soleil toujours printanier, l'extase, la jouissance...

Rouge comme la flamme qui brûle l'âme, d'un amour passionnel, sensuel, charnel. Lave qui coule dans nos veines, ne laissant que brasier enflammant notre être.

Rouge Pivoine, la fleur de la confusion ou de la sincérité qui n'aimerait que nous dire: « Mon amour veille sur vous. » Couleur qui peut prendre nos joues à témoins d'un sentiment trop fort à cacher, l'air confus de ne pas avouer ce que l'on ressent ou sincérité qui n'a besoin d'aucun mot pour se faire comprendre.

Rouge tel le coquelicot, une invitation à la passion, ses pétales déclament: « Aimons nous au plus tôt. », fleur d'apparence délicate, naissant dans les terrains les moins dociles, arborant des pétales froissées. Synonyme d'une ardeur fragile, telle sa tige frêle et cassante, cette impression de faiblesse qu'elle dégage, ne donnant que l'envie de la cueillir, la protéger, alors qu'elle n'est que force dans cette nature hostile...

Dans tes mains, donne-moi l'illusion de ne plus paraître. Permets-moi de devenir celle que je suis vraiment, rien que devant toi. Permets-moi d'être....

Laissons les barrières qui nous entravent tomber, encore cette fois, une dernière fois...

Sous tes yeux, je voudrais que tu me vois fleur au zénith de sa vie, pas le bourgeon que je semble paraître, laisse l'enfant que j'étais hier, regarde la femme que je suis aujourd'hui.

Parle le corps, je te donne la parole.

Ta peau contre la mienne devient supplice, quand celle-ci s'efface ne laissant que le spectre de la caresse, fantôme d'un délice, d'une douceur que seule la rencontre charnelle a laissé une trace fugace d'un parfum de musc et de fleur mêlé.

Cette chaleur qui a mis mon corps en ébullition, on m'avait compté l'enfer dans cette union, je n'y ai connu que le paradis. Étais-je Ève ce jour??? Qui dans le péché absolu a croqué la pomme, découvrant ainsi, la beauté de la chaire, sa douceur et la convoitise que celle-ci exerce.

Ô tout Puissant châtie moi...

Si j'ai fait le mal, je ne le regrette pas, je veux vivre avec ce fardeau, me délecter de la caresse du péché. S'il faille que je meurs demain, je ne pleurerais pas, j'ai connu le bonheur dans tes bras. Instant subtile, d'un amour fusionnel. J'ai connu les flammes de la passion, elles me consument encore, ne laissant aucun répit à mon cœur.

Est-ce un péché de trop aimer?? Si la réponse est oui, je ne demande pas l'absolution de mes fautes, je les revendiques. Fière, je m'incline devant toi l'objet de ma convoitise, toi l'être qui met en exergue ma féminité, ma sensualité. Toi, qui fait de mes discours sans fin des soupirs de délices, me bâillonne de tes lèvres, ne laissant pour seul dialogue que nos peaux qui se frôlent.

Subtile supplice, émoi assassin de deux âmes pures dans cet amour non feint.

Mon Dieu, juste une fois, une dernière fois, je voudrais qu'il me caresse l'âme du bord des lèvres.

Anne fleur sauvage. Lettre à un amant. 635841Rose

Illustration de Ricky.